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Le Carnaval

Carnaval : une histoire vieille comme l’homme

 

Etymologie

Carnaval est un terme qui prend racine dans la coutume chrétienne de se préparer aux Pâques par quarante jours d’astreintes, voire de jeun. Cette période était communément définie Carême.
Au Moyen Age, quand le moment était venu de renoncer aux plaisirs de la chair (et notamment à la consommation de viande) les érudits et les membres du clergé disait en Latin carnem levare, c’est-à-dire «on ôte la chair, la viande». Auprès du peuple un peu inculte, ceci s’est transformé au fil des années en Carnavale, Carnasciale ou Carnevale. Ce mot est venu tout naturellement aux lèvres des Italiens. Moins simple son affirmation en France: jusqu’au XIXème siècle Carnaval était utilisé en synonyme de carême-prenant. Littéralement: on «prend» (on débute) la période de Carême.

 

Les origines du Carnaval

Retrouver les racines du Carnaval équivaut à parcourir toute entière l’histoire de l’homme. Dès que les premières civilisations se sont créées, immédiatement des rituels et des croyances qui renvoient aux pratiques actuelles sont rentrés dans les mœurs.

On dit que l’habitude de fêter Carnaval au mois de février soit due à l’Église Catholique et à la diffusion du Christianisme. Carnaval est traditionnellement indiqué comme le Mardi Gras, le jour précédant le Mercredi des Cendres et donc l’entrée en Carême. En réalité, les premiers rites qui font penser au Carnaval (des gens qui festoient, mangent, boivent, dansent, jouent, feignent ou inversent des rôles, se déguisent etc.) avaient couramment lieu peu avant la fin de la période hivernale ou à l’équinoxe de printemps. De nos jours, on indiquerait ce moment à-peu-près à la Chandeleur.

Déjà à Babylon et dans l’Egypte ancien étaient prévus des rituels visant à célébrer le retour de la bonne saison et le triomphe de certains dieux ou demi-dieux sur les forces obscures des antres de la terre. Il faut dire que l’homme, en toutes cultures ancestrales, a toujours identifié l’hiver et son obscurité avec la mort, la fin ou le sommeil de la vie (hibernation, gel) et la suprématie des forces infernales, de l’au-delà, du sous-sol. En opposition à ça, l’arrivée du printemps a toujours été guettée avec attente et trépidation et saluée avec jubilation. La vie reprenait son cours, la nature donnait de nouveau ses bons fruits porteurs de vie et de santé à l’homme. Les journées se «rallongeaient»: les heures d’ensoleillement augmentaient avec l’avancer de la saison et permettaient de mieux vaquer à ses occupations. En gros, le monde «renaissait» et retrouvait son ordre normal après une parenthèse de «noirceur» due au chaos primordial.

Auprès de plusieurs civilisations, très souvent on retrouve des éléments de ressemblance dans les façons de célébrer ce rite de passage: la représentation du chaos par des personnages masqués, la présence ou le transit d’un navire ou d’un char (souvent portant un personnage d’origine solaire ou lunaire), la condamnation ou flagellation d’un personnage représentant la vieille année ou la saison passée, les comportements déréglés et excessifs inversant l’ordre social et moral conventionnels. Tout ceci est dû au fait que dans le fond, l’homme voyait le monde se régénérer, se recréer en jaillissant du néant et des ténèbres. Des entrailles de la Terre (agaçantes et fascinantes) renaissaient une Nature de nouveau amicale et faconde. L’ordre revenait, le chaos était vaincu.            


Histoire

À Babylon, on célébrait le triomphe de Marduk contre le dragon Tiamat par une procession comportant un char (ayant forme de navire) qui parcourait un itinéraire rituel. Dans l’Egypte ancien, le Navigium Isidis était en l’honneur de la déesse Isis. Il s’agissait d’un navire en bois décoré de façon rituelle avec des offres florales et accompagné d’un cortège de suivants masqués. Dans la Grèce classique du tyran Pisistrate, les Dionysiaques (en l’honneur de Dionysos) démarraient de façon plutôt sage et aujourd’hui dirait-on «intellectuelle» par des processions d’orphelins pupilles de l’État (ensuite parés en guerriers) et de vierges, par la présentation d’auteurs, acteurs et chorèges, le déplacement de la statue du dieu du temple au théâtre, le sacrifice rituel d’un taureau, des offres votives. Ensuite, il y avait le moment important de la festivité: la compétition des dix chœurs de l’Attique. Terminé ceci, les célébrations devenaient libres, spontanées et populaires, donnant lieu à des manifestations de joie soulignées par le passage de cortèges dans les rues au son de musiques et chants. Souvent, ces manifestations dégénéraient en ivresse et il y avait parfois quelques déboires orgiastiques, qui étaient d’ailleurs encouragés par les cortèges mimant des actes sexuels.

L’Empire Romain a repris la coutume du Navigium Isidis et l’a transposé sur le fleuve traversant Rome, le Tibre: il s’agissait là d’un vrai bateau, capable de naviguer pendant la parade rituelle. Les offres florales et l’utilisation de masques ont été maintenues, les Romains y ont rajouté l’exécution de chants rituels. Une interprétation spécialement ciblée à la Rome ancienne tend à définir l’étymologie du mot Carnevale en indiquant son origine en carrus navalis (le char-naval).
Les Saturnales célébrés par les Romains en réalité n’étaient pas dérivés des Dionysiaques; elles se référaient plutôt au culte de Saturne et se célébraient à-peu-près à la mi-décembre. Par contre, les sacrifices, les banquets, l’enivrement et parfois les orgies constituent autant de points communs avec le rituel grec; d’autant plus, qu’avec la fusion des deux cultures (helléniste et latine) la figure du dieu grec Kronos  se superposera à celle de Saturne. Au cours des Saturnales, on pouvait observer une inversion des rôles sociaux et de l’ordre général. Ceci se concrétisait en une apparente liberté d’action pour les esclaves, une temporaire abolition des barrières sociales, culminant avec l’élection d’un personnage à connotation infernale, censé symboliser un protecteur des âmes des trépassés mais aussi des récoltes. Les rites à Saturne devaient servir à apaiser et faire partir dans l’au-delà les esprits (ou dieux) infernaux, issus du sous-sol et vagant sur la terre gelée ne donnant plus de moissons dans les mois hivernaux.  

Dans le Moyen Âge, l’Église Catholique a essayé d’intégrer ces rites préexistants. Ne pouvant pas les effacer de la culture des peuples,  l’Église a essayé de les recouvrir d’une signification chrétienne et de les rattacher à ses fêtes, célébrations et jours sacrés. Voilà la raison de la définition officielle de la date du Carnaval dans les pays chrétiens: tout était permis le Mardi Gras, jour précédant le Mercredi des Cendres, lequel était à son tour fixé quarante jours avant le dimanche de Pâques. La date de Pâques est variable d’année en année et s’établie avec des calculs qui reposent sur l’équinoxe de printemps et la pleine-lune. Elle se fixe normalement au premier dimanche suivant la première  pleine lune qu’il y a après l’équinoxe de printemps. Elle a racines, à son tour, dans la tradition juive qui célèbre le passage de la Mer Rouge par le peuple Hébreu, en fugue depuis l’Egypte où il était opprimé et maintenu en esclavage.

Dans les célébrations du Carnaval des Chrétiens, on retrouve les bals, les chants, la musique, les déguisements et les masques. Le peuple était en totale liberté le Mardi Gras, il oubliait les conventions et les contraintes sociales, faisait la fête. Le jour suivant on entrait en Carême: une période de lourds sacrifices, débutant par un rite religieux au cours duquel les rameaux d’olivier donnés l’année précédente au Dimanche des Rameaux étaient préalablement incinérés et leurs cendres servaient à tracer une croix sur le front des fidèles.

Pendant la Renaissance, les fêtes liées au Carnaval ont augmenté en magnificence, notamment auprès des courts Italiennes. Des mises en scènes par des artistes, tantôt dans le registre allégorique, tantôt comique, étaient très prisées. Des Princes comme Laurent le Magnifique se sont même essayés à l’art de la composition poétique, afin de célébrer au mieux le triomphe de l’éphémère et de la joie de vivre.

Dans le temps, chaque région a développé sa façon spécifique de fêter Carnaval, mais dans tous les cas, les points forts étaient les bals, la musique, le vin, la nourriture, les représentations, les chars, les déguisements et le peuple en liesse dans les rues.

On dit que de nos jours les Carnavals ont perdu l’ancien esprit et qu’ils sont devenus des simples attractions pour les touristes. En réalité, les mettre et remettre en scène chaque année pour un publique ravi de spectateurs redevenus enfants, venus avec leurs propres enfants admirer la grandeur du Carnaval, permet d’en perpétuer l’histoire, les traditions, les anciens coutumes. C’est une grande marque de respect pour les anciens, leur vécu, la terre qui nous a vus naitre.   

 

Fonction du Carnaval

C’est intéressant d’observer comme les autorités politiques de tous les temps, ainsi que des chefs religieux très respectés, ont toujours autorisé la célébration du Carnaval, tout en essayant d’en contenir les excès. Ça ne devait pas être évident d’y arriver pendant les jours dédiés à ces célébrations si effrénées, au cours desquelles l’inversion de l’ordre moral et de la réalité sociale étaient de mise, allant même jusqu’à nier l’ordre naturel des choses. Alors, pourquoi encourager ces pratiques ?

La réponse est assez simple: contrôle social. Le peuple avait souvent un vécu très dur, était chargé de tâches rébarbatives et métiers pénibles, parfois n’avait pas les moyens pour s’alimenter correctement. Les différences sociales pesaient lourd dans les choix courants (l’attribution d’un fonds de commerce, la permission de fréquenter une certaine famille etc.). Anciennement, les formes d’État étaient peu démocratiques. En craignant qu’une charge trop lourde de sacrifice et de privations ne pousse les couches les plus démunies de la population à se rebeller, on a trouvé une occasion pour leur octroyer un peu de bonheur bon-marché.    

Dans l’antiquité classique les célébrations étaient censées souligner un commencement d’une période de l’année plus faste qu’avant. On saluait la douceur du printemps et de l’été proches, en contraposition aux rigueurs de l’hiver qu’on venait à peine de quitter. En époque chrétienne, au contraire, on festoyait avant de débuter la période des privations et de la mortification de la chair.
Cette sorte d’exutoire, de clapet constituant un défoulement d’urgence, agissait en remboursement compensatoire una tantum de tout ce que une autorité supérieure (tantôt le temps atmosphérique, les gouvernants ou les chefs religieux) toute l’année durant demandait péremptoirement au peuple en renonciation absolue. 

Au fil des siècles, le Carnaval a toujours accompagné les hommes dans leur parcours de recherche du bonheur parmi les tribulations. Fêter le Carnaval était considéré comme un droit acquis des populations les plus miséreuses, un moyen pour elles de fuir la dureté de leur vie et pour les autorités de garder sous contrôle les conflits sociaux.

 

Symbolisme

Dans les rituels très anciens du Carnaval, il est important de ne pas oublier le côté symbolique.
On retrouve couramment des personnages masqués, censés représenter les forces ancestrales de la terre: beaucoup d’animaux ou de dieux anthropomorphes à la tête d’animal, par exemple.
Le char en mouvement, tel un navire, symbolise un changement, un parcours, l’achèvement d’une évolution.

Un personnage ou un pantin représente la vieille année et la saison qu’on laisse derrière nous: soit on le frappe (Mamurio Veturio dans la Rome ancienne), soit on le brule, plus rarement on le noie (pantins de différentes tailles un peu de partout en Europe). Cela veut dire que l’an s’est terminé; un nouvel an commence et les aspects négatifs de la vie resteront avec le vieux.

L’abus d’alcool, les banquets luculliens, l’adoucissement des mœurs sexuelles, l’inversion des rôles sociaux, parfois des rôles homme-femme, indiquent une régression au chaos primordial. La fin du Carnaval est le retour aux anciennes coutumes, au monde « bien comme il faut» où tout fonctionne de nouveau correctement. Le cosmos s’est régénéré, il est le produit de ce complet retournement de la réalité. Une sorte de catharsis.  

 

Les carnavals du monde:

Rio de Janeiro - Brésil: un événement mythique qui mobilise et paralyse une ville entière, laquelle se prépare pendant toute l’année au grand défilé en costumes pailletés et très succincts, alternés aux habits blancs des traditionnelles mamàs; c’est le triomphe des écoles de samba et de leurs danseurs.

Binche - Belgique: ce Carnaval a été déclaré par l’UNESCO chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel del'humanité; il est connu surtout pour les masques traditionnelles de Binche, les Gilles, ainsi que pour le jeu traditionnel trouille de nouilles consistant à chercher de reconnaitre ses potes sous leur déguisement et à prendre un verre de l’amitié ensemble.

Venise - Italie: il n’y a pas pays dans le monde qui n’ait pas entendu parler du Carnaval de Venise; il est probablement le plus rêveur, le mieux adapté avec ses bals masqués et ses costumes somptueux à faire fantasmer sur le passé de cette République de la Mer à l’histoire tissée d’amour et conspirations.

Viareggio - Italie: à ne pas rater pour les proportions du défilé de chars allégoriques et pour la variété des thèmes qui y sont représentés, pour les couleurs, la vivacité des masques et des participants aux cortèges… enfin pour la joie de vivre qui brille dans les gens de la région et qui se transpose en son Carnaval chéri !

À voir en Italie: Ivrea (impressionnante sa bataille des oranges), Rome, Naples (représentation de mimes et de théâtre traditionnel avec Polichinelle=Pulcinella), Acireale en Sicile (chars fleuris et journal en édition unique), Sardaigne (les Carnavals des petits villages avec les masques parées de peaux d’animaux et cloches, remontant à l’époque atavique).

Masques principaux d’Italie: c’est la Commedia dell’Arte. Arlecchino et Pulcinella (pauvres et espiègles); Colombina et Mirandolina (malines et amoureuses); Pantalone (râleur et radin, dupé par ses domestiques); Balanzone (médecin sensible au charme féminin);  Gianduia (la vieille Turin du vin et du chocolat) etc.

Nouvelle Orléans: colorée et loufoque, la parade du Roi Rex entouré par sa cour de suivants déguisés en mille façons différentes.

Notting Hill - Royaume Uni: le Carnaval a lieu au mois d’août et prend ses origines dans les traditions de la grande communauté Afro-Caribéenne qui s’est installée dans ce quartier Londonien au fil du temps, suite aux forts fluxes d’immigration depuis les Antilles et notamment Trinidad. Les rythmes antillais y sont omniprésents.

Bridgwater - Royaume Uni: cette manifestation se tient au mois de novembre et consiste en un grand défilé nocturne de chars lumineux suivi par des feux d’artifices (l’événement ne se rattache pas au Carnaval, mais plutôt au complot de Guy Fawkes contre le Parlement Anglais); les recettes vont à des œuvres de charité.

 

Les principaux carnavals de France:

Nice: bataille des fleurs, reine du Carnaval

Menton: chars parés de citrons et oranges

Albi: les couleurs du Sud

Bordeaux: la musique à l’honneur

Nantes: 2ème Carnaval de France

Annecy: échos vénitiennes

Lille: les Géants

Dunkerque: ses bandes et règles d’or

Paris: Promenade du Bœuf Gras
…et bien d’autres !

 

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